Incroyable !
Incroyable !
Homélie du dimanche de Pâques / Année C
04/04/2010
Incroyable !
Ce ne peut être qu’un « délire » de femmes, hystériques d’avoir perdu un être cher ! Raisonnablement, c’est inconcevable, inimaginable. Que cet homme Jésus, exécuté devant tous, mort avec certitude, mis au tombeau, soit maintenant réellement en vie, c’est une drôle d’invention de disciples désemparés… C’est ce qu’ont dû se dire Pierre et Jean, puis les compagnons qui avaient connu Jésus, puis les Romains ou les Grecs qui en avait entendu parler…
- Incroyable pour des gens raisonnables pour qui évidemment la mort est sans retour.
- Scandaleux pour les juifs qui attendent la résurrection générale à la fin des temps, pas la résurrection d’un seul à la moitié du temps.
- Folie pour les païens dont les dieux n’offrent pas ainsi aux hommes de partager leur intimité en traversant la mort.
C’est justement parce que c’est inconcevable que finalement c’est très croyable !
On voit mal en effet des juifs inventer un événement qui va autant à l’encontre de leur représentation du jugement final.
On voit mal des évangélistes inventer la visite au tombeau vide et s’appuyer ainsi sur le témoignage – si peu crédible à l’époque – des femmes.
On voit mal ce qui aurait pu retourner Paul sur le chemin de Damas, ce qui aurait pu motiver des milliers de martyrs à verser leur sang, les Romains militaires ou les Grecs philosophes à suivre une idée aussi folle, s’il n’y avait pas d’abord quelque chose qui s’impose, et que les mots peinent à décrire.
On peut l’appeler résurrection, transfiguration, traversée de la mort, vie nouvelle, glorification, exaltation, ascension, session à la droite de Dieu… : cet événement de Pâques est tellement hors normes que le Nouveau Testament essaiera des dizaines de mots ou expressions pour approcher l’inconcevable…
À nous aujourd’hui de décliner l’espérance de Pâques avec nos propres mots.
- Ceux qui ont perdu un être cher liront dans l’annonce de Pâques le signal joyeux de leurs retrouvailles à venir.
- Ceux qui ont été blessés, abattus par le mal ou la haine y entendront un chant de victoire : l’amour est plus fort que tout.
- Ceux qui ont été passionnés de vivre y découvriront l’annonce d’une plénitude dont ils ont déjà goûté bien des saveurs.
- Ceux qui ont légitimement douté de l’origine ou du sens de l’aventure humaine y accueilleront la promesse d’une clé pour enfin savoir et comprendre.
- Ceux qui n’ont rien cherché d’autre que de mener une vie tranquille y sentiront un appel d’air extraordinaire, pour se risquer à plus de profondeur…
La liste est interminable !
Puisque le Christ est ressuscité, tout peut être relu autrement.
Puisque le Christ est vraiment ressuscité, rien ne peut enfermer cette immense espérance !
Laissons la battre et palpiter en nous, cette espérance pascale qui rend folle la sagesse humaine?
Que nos défis, nos traversées, nos passages, soient déjà éclairés de cette plénitude qui nous est promise en Jésus relevé d’entre les morts, et qui nous est déjà partagée dans la vie nouvelle offerte dès maintenant…
Evangile : Les femmes au tombeau vide (Mc 16, 1-8)
Le sabbat terminé, Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques, et Salomé achetèrent des parfums pour aller embaumer le corps de Jésus.
De grand matin, le premier jour de la semaine, elles se rendent au sépulcre au lever du soleil.
Elles se disaient entre elles : « Qui nous roulera la pierre pour dégager l’entrée du tombeau ? »
Au premier regard, elles s’aperçoivent qu’on a roulé la pierre, qui était pourtant très grande.
En entrant dans le tombeau, elles virent, assis à droite, un jeune homme vêtu de blanc. Elles furent saisies de peur.
Mais il leur dit : « N’ayez pas peur ! Vous cherchez Jésus de Nazareth, le Crucifié ? Il est ressuscité : il n’est pas ici. Voici l’endroit où on l’avait déposé.
Et maintenant, allez dire à ses disciples et à Pierre : ‘Il vous précède en Galilée. Là vous le verrez, comme il vous l’a dit.’ »
Elles sortirent et s’enfuirent du tombeau, parce qu’elles étaient toutes tremblantes et hors d’elles-mêmes. Elles ne dirent rien à personne, car elles avaient peur.
Patrick BRAUD
Mots-clés : femmes, incroyable, Pâques