Ordo amoris : le samaritain d’abord !
Ordo amoris : le samaritain d’abord !
Homélie pour le 15° Dimanche du Temps Ordinaire / Année C
13/07/25
Cf. également :
Elle est tout près de toi, cette Parole…
Les multiples interprétations du Bon Samaritain
Conjuguer le verbe aimer à l’impératif
J’ai trois amours
Aime ton Samaritain !
Réintroduisons le long-terme dans nos critères de choix
Parlez-moi d’amour, redites-moi des choses dures
L’amour du prochain et le « care »
Le pur amour : pour qui êtes-vous prêts à aller en enfer ?
La roue de Gaza
1. Ordo amoris : François versus J.D. Vance
Le vice-président américain – catholique de fraîche date – a fait le buzz début 2025 en essayant de justifier la brutalité de la politique migratoire de Donald Trump par un vieux concept augustinien qu’il revisitait à sa sauce : l’ordo amoris (l’ordre de l’amour).
« Il y a un concept chrétien qui veut que l’on aime sa famille, puis ses voisins, puis sa communauté et ensuite ses compatriotes – avait-il déclaré – et enfin que l’on donne la priorité au reste du monde ».
Le pape François lui avait vertement répondu, par le biais d’une lettre aux évêques américains du 11/02/25 :
« Les chrétiens savent bien que c’est seulement en affirmant l’infinie dignité de tous que notre identité en tant que personnes et en tant que communautés atteint sa maturité. L’amour chrétien n’est pas une expansion concentrique d’intérêts qui s’étendent peu à peu à d’autres personnes et groupes. En d’autres termes : la personne humaine n’est pas un simple individu, relativement vaste, avec quelques sentiments philanthropiques ! La personne humaine est un sujet digne qui, par la relation constitutive avec tous, en particulier avec les plus pauvres, peut progressivement mûrir dans son identité et sa vocation. Le véritable ordo amoris qu’il faut promouvoir est celui que nous découvrons en méditant constamment sur la parabole du « Bon Samaritain » (Lc 10, 25-37), c’est-à-dire en méditant sur l’amour qui construit une fraternité ouverte à tous, sans exception » (n° 6).
Le 3 février 2025, le pape Léon XIV, alors cardinal Robert Francis Prevost, avait partagé un article d’opinion, sur son compte X, du site catholique National Catholic Reporter, intitulé : « JD Vance a tort : Jésus ne nous demande pas de classer notre amour pour les autres ».
On voit les enjeux des différentes lectures politiques de notre parabole de ce dimanche ! Pour les catholiques conservateurs comme J.D. Vance, le bon samaritain doit l’être pour ses proches, puis peut-être pour ses voisins, et enfin pour les étrangers de son pays si possible. Pour le pape Léon XIV (comme pour François), la fraternité doit être ouverte à tous, sans exception ni privilège. D’ailleurs, quand saint Augustin parle d’ordo amoris, c’est pour ordonner l’amour, c’est-à-dire lui assigner une finalité bonne, et lui éviter le désordre que serait l’amour clanique, l’amour mafieux, l’amour de l’argent ou de la violence. Un amour désordonné hiérarchise ses priorités selon ses centres d’intérêt.
Dans la pensée de saint Augustin, l’amour n’est pas réparti dans des cercles concentriques dont l’ego et ses préférences seraient la norme. Il s’agit d’aimer Dieu plus que tout et d’aimer tout en Dieu. Si donc on a l’idée de cercles concentriques, il faut garder à l’esprit que Dieu est au centre et qu’il éclaire tous les cercles par ses commandements. Or Dieu est absent de la phrase de J. D. Vance. De surcroît, l’ordo amoris n’implique pas d’agir aux dépens des autres. Saint Thomas d’Aquin disait lui-même : « Dans certains cas, on doit, par exemple, aider un étranger dans une situation d’extrême nécessité, plutôt que son propre père, si celui-ci n’est pas dans une situation aussi urgente » (ST, II-Il, q. 31 a. 3).
2. Le prochain, c’est le samaritain, pas le blessé !
Le problème avec notre parabole, c’est que pendant des siècles on en a fait une lecture moralisante, compassionnelle, individualiste, du style : « être chrétien, c’est soigner les blessés de la vie en s’approchant de chacun pour le soulager ». Ce qui n’est pas faux en soi, bien sûr. Mais ce n’est pas premier ! Et pas besoin d’être chrétien pour pratiquer cela.
Ce qui est premier dans la foi, d’après la parabole, c’est aimer ceux qui ont été mes samaritains !
Le pape François l’avait noté avec finesse :
« Ayant conclu la parabole, Jésus renverse la question du docteur de la Loi et lui demande : « Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain de l’homme tombé aux mains des bandits ? » (v. 36). La réponse est finalement sans équivoque : « Celui qui a fait preuve de pitié envers lui » (v. 37). Au début de la parabole, pour le prêtre et le lévite, le prochain était le mourant ; au terme de celle-ci, le prochain est le samaritain qui s’est fait proche. Jésus renverse la perspective ».
Autrement dit :
« Ne cherche pas à classifier les autres pour voir qui est le prochain et qui ne l’est pas » …
Un caillou dans la chaussure de Vance !
Qui devons-nous aimer ? Ceux qui nous ont sauvés à un moment ou un autre de notre vie.
Jésus semble dire : avant de hiérarchiser les solidarités (moi, ma famille, mon pays, les étrangers), commence par prendre conscience que tu es aimé, et sois plein d’amour envers ceux qui t’ont fait. Reconnaît que tu es dépendant de ces liens qui t’ont façonné gratuitement. Entend l’avertissement de l’apôtre Paul : « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? » (1Co 4,7)
L’amour, c’est d’abord recevoir.
Ensuite, bien sûr, la réception de ce don produit, appelle et suscite en retour un autre don, à d’autres. C’est ce que l’anthropologue Marcel Mauss appelait la logique du don / réception / contre-don. Ainsi circule entre les êtres une dette d’amour, insolvable, qui en se déplaçant crée entre nous une communion de destin, d’affection, de fraternité ouverte.
À ce titre, le premier samaritain de nos vies, c’est le Christ lui-même : reconnaître qu’il s’est approché de moi, m’a relevé de mes blessures et de la mort, a versé sur moi l’huile du baptême et le vin de l’eucharistie, m’a conduit à l’auberge–Église, où il a tout payé d’avance pour moi, c’est aimer le Christ comme mon samaritain à qui je dois tout : « Il m’a aimé et s’est livré pour moi » (Ga 2,20).
D’ailleurs, dans l’évangile de Luc, c’est Dieu lui-même qui éprouve la miséricorde (ἔλεος = eleos) du samaritain. Marie en est témoin la première : dans son Magnificat (« Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. [...] Il relève Israël son serviteur, il se souvient de sa miséricorde » Lc 1,50.54), et dans son partage avec ses voisins (« Ses voisins et sa famille apprirent que le Seigneur lui avait montré la grandeur de sa miséricorde, et ils se réjouissaient avec elle » Lc 1,58).
Zacharie et Élisabeth chantent et célèbrent et se réjouissent du don de la miséricorde accordée à Israël à travers leur couple : « miséricorde qu’il montre envers nos pères, mémoire de son alliance sainte, [...] grâce à la tendresse, à la miséricorde de notre Dieu, quand nous visite l’astre d’en haut » Lc 1,72.78).
Dans le bréviaire (l’office des Heures), nous prions le Magnificat chaque soir et le cantique de Zacharie chaque matin : comment mieux exprimer qu’en christianisme c’est la réception qui est première, avant le faire qu’elle suscite en retour : « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement » (Mt 10,8).
De même, celui qui est « ému de compassion » (σπλαγχνίζω = splanchnizō) dans l’évangile de Luc n’est autre que Dieu lui-même :
- le Christ, en voyant la détresse de la veuve de Naïm (« Le Seigneur, l’ayant vue, fut ému de compassion pour elle » Lc 7,13),
- Dieu le Père dans la parabole des deux fils (« Comme il était encore loin, son père le vit et fut ému de compassion, il courut se jeter à son cou et l’embrassa » Lc 15,20)
- le Samaritain de notre parabole « un Samaritain, qui était en route, arriva près de lui ; il le vit et fut saisi de compassion » (Lc 10,33).
L’ordo amoris nous demande de mettre Dieu en premier, avant nos familles, nos proches ou nous-même…
Si nous sommes attentifs à la parabole, nous respecterons les deux temps de cette histoire : d’abord aimer le samaritain qui se fait mon prochain, puis faire de même. Dans cet ordre-là !
Sinon, nous réduisons la parabole à une fable moralisante, et la foi à une liste de bonnes actions à faire, ce qui relève de l’activisme mondain.
Continuer à appeler cette parabole « du bon samaritain » s’inscrit d’ailleurs dans cette ligne moralisante ou « être bon » compte plus que « être aimé ». Or comme dit Jésus : « Qui est bon sinon Dieu seul ? » (Lc 18,19)
La foi est plus grande que la morale, qui n’est au mieux qu’une conséquence. Ce n’est pas la morale qui a fait entrer le bon larron le premier au paradis, mais sa confiance, sa foi en Jésus : « Souviens-toi de moi… » (Lc 23,42).
De plus, les commentaires de notre parabole versent le plus souvent dans une morale individualiste, focalisée sur les relations interpersonnelles, sans voir les interactions systémiques, structurelles, car centrée sur les symptômes à soulager et non sur les causes à éliminer. Soigner les lépreux en se faisant proche de chacun de, c’est bien. Mais trouver le bacille de la lèpre par la recherche scientifique afin d’éradiquer la maladie, c’est mieux ! Les dames patronnesses du XIX° siècle apportaient des paniers de victuailles aux pauvres ouvriers des mines dont Zola dénonçait la misère, mais n’ont rien fait pour changer leur condition.
C’est toute la difficulté de tirer une morale politique des Évangiles. Convaincus de l’imminence de la venue du royaume de Dieu, ni Jésus ni ses disciples n’ont pris la peine de réfléchir à une société plus juste, à des structures plus humaines. Alors que les juifs rêvent d’un État théocratique où la Torah serait la règle, alors que les musulmans imposent la charia comme preuve de la soumission de toute la société à Allah, les chrétiens se sont tournés vers la Jérusalem céleste à venir aux temps derniers, ou vers le royaume de Dieu survenu dans l’intériorité spirituelle du cœur de chacun. Juifs et musulmans veulent déduire l’organisation de la société de leur foi. Les chrétiens sont renvoyés à leur conscience : « Qui donc m’a établi pour être votre juge ou l’arbitre de vos partages ? » (Lc 12,14).
Bref : pas facile d’articuler les dimensions micro et macro (microéconomie / macroéconomie par exemple) à partir du Nouveau Testament ! Jésus et ses apôtres n’ont pas choisi un régime politique, ils n’ont pas parlé des mécanismes financiers à mettre en place (contrairement à la Torah et au Coran), ni du sida, ni de la PMA, ni de l’euthanasie, ni de la gestion des flux migratoires etc. C’est au prix d’une un immense effort, et devant le scandale de la misère ouvrière XIX° siècle, que le magistère romain a fini par développer une pensée sociale cohérente : la Doctrine sociale de l’Église. Même cette doctrine ne prône pas de modèle unique, ni d’organisation impérative. Le discernement est la règle en christianisme, quand l’obéissance est première en judaïsme dans l’islam.
Cependant, les chrétiens continuent hélas à procéder par généralisation de l’attitude du samaritain, comme si additionner les générosités individuelles pouvait résoudre les problèmes collectifs de ce siècle…
3. Ni le culte, ni la Loi
Qu’est-ce qui peut nous empêcher d’aimer ainsi les Samaritains de notre vie ?
Le culte et la Loi, répond Jésus, avec une certaine impertinence provocatrice.
Le prêtre – le Cohen – est obnubilé par le culte qu’il doit assurer au Temple de Jérusalem. Prendre le temps de s’arrêter, soigner ce blessé, prendre le risque de l’impureté rituelle à son contact, ce serait compromettre sa mission sacerdotale. Certains prêtres mettent ainsi le culte au-dessus de tout – encens, dorures, froufrous, processions, chasubles et statues – jusqu’à exercer une forme de cléricalisme sur leurs fidèles au nom de leur rôle liturgique. À l’extrême, cela donne les 15 maladies de la Curie romaine dénoncées sans ménagement par le pape François le 22/12/2014 devant des cardinaux médusés par tant de violence verbale : se croire indispensable, l’activisme forcené, la pétrification mentale et spirituelle, la fonctionnarisation, la mauvaise coordination, l’Alzheimer spirituelle, la vanité, la schizophrénie existentielle, la médisance, l’idolâtrie des chefs, l’indifférence, le visage dur, l’accumulation, les cercles fermés, l’exhibitionnisme…
Bigre ! Impressionnant catalogue, qui explique pourquoi les Cohen d’aujourd’hui s’écartent encore des blessés sur leur route…
- Le lévite quant à lui est obnubilé par la Loi. Il sait que toucher un cadavre est interdit par la Torah. Cette impureté légale l’obligerait à des rites compliqués et coûteux pour lever l’interdit. Le judaïsme et l’Islam ont toujours été particulièrement tentés par ce règne du permis/défendu en guise de religion. Manger casher ou manger halal, faire ses ablutions « comme il faut », porter une kippa ou un voile, éviter les nourritures non casher ou haram (défendu) : juifs et musulmans sont éduqués dans une religion où la liste des choses à faire ou à ne pas faire est plus importante que le contenu de la foi. Or en christianisme, c’est la foi qui sauve, et non les œuvres : c’est une orthodoxie, alors que judaïsme islam sont des orthopraxies.
La pointe de la parabole du samaritain n’est pas d’abord : « fais comme le samaritain » mais : « aime ton Samaritain ». La praxis est seconde (pas secondaire) en christianisme.
La parabole dénonce la loi du culte comme inhumaine quand elle est prioritaire sur tout, et le culte de la Loi comme idolâtrique et meurtrier quand il absolutise le permis et le défendu.
Le docteur de la Loi est un bon représentant de cette « maladie » du culte de la Loi. Le pape François notait avec justesse : « Cet homme pose une autre question, qui devient très précieuse pour nous : « Et qui est mon prochain ? » (v. 29), en sous-entendant : « Mes parents ? Mes concitoyens ? Ceux de ma religion ?… « . En somme, il veut une règle claire qui lui permette de classifier les autres entre les « prochains » et les « non-prochains », entre ceux qui peuvent devenir prochains et ceux qui ne peuvent pas devenir prochains ».
N’est-ce pas l’attitude de J.D. Vance, qui hiérarchise ses solidarités en cercles concentriques (et égocentriques !) ?
Répétons-le : à eux seuls, ni le culte ni la Loi ne peuvent nous sauver ni rendre le monde meilleur. Pire : la loi du culte pétrifie l’amour, le culte de la loi le rend impossible.
Comme le disait le pape François – qui décidément a longuement et souvent médité cette parabole du samaritain – :
« Que le Seigneur nous délivre des bandits – il y en a tellement ! –, qu’il nous libère des prêtres trop pressés, qui n’ont jamais le temps d’écouter, de voir, et doivent faire leurs choses ; qu’il nous libère des docteurs qui veulent présenter la foi en Jésus Christ comme une règle mathématique; et qu’il nous enseigne à nous arrêter, qu‘il nous enseigne cette sagesse de l’Évangile : « se salir les mains ». Que le Seigneur nous donne cette grâce ».
LECTURES DE LA MESSE
Première lecture
« Elle est tout près de toi, cette Parole, afin que tu la mettes en pratique » (Dt 30, 10-14)
Lecture du livre du Deutéronome
Moïse disait au peuple : « Écoute la voix du Seigneur ton Dieu, en observant ses commandements et ses décrets inscrits dans ce livre de la Loi, et reviens au Seigneur ton Dieu de tout ton cœur et de toute ton âme. Car cette loi que je te prescris aujourd’hui n’est pas au-dessus de tes forces ni hors de ton atteinte. Elle n’est pas dans les cieux, pour que tu dises : ‘Qui montera aux cieux nous la chercher ? Qui nous la fera entendre, afin que nous la mettions en pratique ?’ Elle n’est pas au-delà des mers, pour que tu dises : ‘Qui se rendra au-delà des mers nous la chercher ? Qui nous la fera entendre, afin que nous la mettions en pratique ?’ Elle est tout près de toi, cette Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur, afin que tu la mettes en pratique. »
Psaume
(Ps 68, 14, 17, 30-31, 33-34, 36ab.37)
R/ Cherchez Dieu, vous les humbles et votre cœur vivra.
Moi, je te prie, Seigneur :
c’est l’heure de ta grâce ;
dans ton grand amour, Dieu, réponds-moi,
par ta vérité sauve-moi.
Réponds-moi, Seigneur,
car il est bon, ton amour ;
dans ta grande tendresse,
regarde-moi.
Et moi, humilié, meurtri,
que ton salut, Dieu, me redresse.
Et je louerai le nom de Dieu par un cantique,
je vais le magnifier, lui rendre grâce.
Les pauvres l’ont vu, ils sont en fête :
« Vie et joie, à vous qui cherchez Dieu ! »
Car le Seigneur écoute les humbles,
il n’oublie pas les siens emprisonnés.
Car Dieu viendra sauver Sion
et rebâtir les villes de Juda.
patrimoine pour les descendants de ses serviteurs,
demeure pour ceux qui aiment son nom.
Deuxième lecture
« Tout est créé par lui et pour lui » (Col 1, 15-20)
Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Colossiens
Le Christ Jésus est l’image du Dieu invisible, le premier-né, avant toute créature : en lui, tout fut créé, dans le ciel et sur la terre. Les êtres visibles et invisibles, Puissances, Principautés, Souverainetés, Dominations, tout est créé par lui et pour lui. Il est avant toute chose, et tout subsiste en lui.
Il est aussi la tête du corps, la tête de l’Église : c’est lui le commencement, le premier-né d’entre les morts, afin qu’il ait en tout la primauté. Car Dieu a jugé bon qu’habite en lui toute plénitude et que tout, par le Christ, lui soit enfin réconcilié, faisant la paix par le sang de sa Croix, la paix pour tous les êtres sur la terre et dans le ciel.
Évangile
« Qui est mon prochain ? » (Lc 10, 25-37)
Alléluia. Alléluia. Tes paroles, Seigneur, sont esprit et elles sont vie ; tu as les paroles de la vie éternelle. Alléluia. (cf. Jn 6, 63c.68c)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là, un docteur de la Loi se leva et mit Jésus à l’épreuve en disant : « Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? » Jésus lui demanda : « Dans la Loi, qu’y a-t-il d’écrit ? Et comment lis-tu ? » L’autre répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ton intelligence, et ton prochain comme toi-même. » Jésus lui dit : « Tu as répondu correctement. Fais ainsi et tu vivras. » Mais lui, voulant se justifier, dit à Jésus : « Et qui est mon prochain ? » Jésus reprit la parole : « Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, et il tomba sur des bandits ; ceux-ci, après l’avoir dépouillé et roué de coups, s’en allèrent, le laissant à moitié mort. Par hasard, un prêtre descendait par ce chemin ; il le vit et passa de l’autre côté. De même un lévite arriva à cet endroit ; il le vit et passa de l’autre côté. Mais un Samaritain, qui était en route, arriva près de lui ; il le vit et fut saisi de compassion. Il s’approcha, et pansa ses blessures en y versant de l’huile et du vin ; puis il le chargea sur sa propre monture, le conduisit dans une auberge et prit soin de lui. Le lendemain, il sortit deux pièces d’argent, et les donna à l’aubergiste, en lui disant : ‘Prends soin de lui ; tout ce que tu auras dépensé en plus, je te le rendrai quand je repasserai.’ Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain de l’homme tombé aux mains des bandits ? » Le docteur de la Loi répondit : « Celui qui a fait preuve de pitié envers lui. » Jésus lui dit : « Va, et toi aussi, fais de même. »
Patrick BRAUD
Mots-clés : parabole, samaritain, Vance